Mystérieuse Cora.
Souvenez-vous. C’était en mai, dans
Centre Presse, la présentation d'une femme d'avant-garde et un appel à documents. A cette
date, si la dame fait déjà l’objet de conférences, d’articles, à notre connaissance, personne n’a encore
publié son visage. Certains la rêvaient belle, d'autres la pensaient sévère, tous la savaient lumineuse. Cora interpelle, Cora interroge, Cora séduit. Cora était jeudi dernier dans
Centre Presse !
Des routes caillouteuses de la Vienne aux lignes soyeuses de la Toile, Amis de Cora, voici par étapes, le cheminement de ce visage dévoilé.
- Soutien de Centre Presse : En mai, le quotidien régional maintient en ligne et en accès libre l'article publié (Cora une femme d'avant-garde). L'appel est reçu quelques semaines plus tard, avec une première réponse d'une descendante de Cora promettant la recherche de documents !
- Soutien de Généanet : La force du premier site européen de généalogie en ligne. Généanet relaie l'article et fait un appel sur son blog. Quelques généalogies mentionnent Cora, leurs auteurs sont contactés.
- Entraide généalogique. Chercher et en parler. Le p'tit Echo de Cora, parvient à Chris Huot-Lémont, qui se prend de passion pour l'affaire ! Ascendance, contact avec les descendants, un travail acharné est entrepris, Chris avance vite et bien. Progressivement la généalogie est précisée, étayée. Je pars sur Paris compléter les recherches, je découvre les Archives Municipales, puis le presbytère de la Madeleine, je bute sur les archives détruites, les portes fermées, je tatonne. Je ne suis pas dans mon élément, dans mon cocon des AD86, je ramène de nombreux documents, il en manque encore, je reviendrai. Mais désormais l'essentiel est là.
- Force de Google qui réunit l'improbable. Le travail est mis en ligne. Sur Généanet, Cora a désormais son arbre en lien avec son blog. Un blog de plus me direz-vous, pour quoi faire ? Pour créer une fiche biographique par individu, stocker tout ce qui le concerne, images, interrogations, sources, permettre les commentaires, répertorier. Dans l'océan Google, chaque fiche biographique est une bouteille à la mer. La fiche Stéphane Robinet trouve... Stéphane Robinet descendant direct, au hasard d'une recherche sur son illustre ancêtre. Emotion !!!
- Soutien des réseaux sociaux, ça gazouille autour de Cora, ça RT, ça like ! En attendant le book, ne perdons pas la Face ! Au boulot Lulu, ne suffit plus de chercher, va falloir trouver !
- Soutien des généabloggeurs, des lecteurs, attentifs, stimulants, et surtout fidèles, impossible de vous citer tous, mais parmi vous l'impulsion, je la dois à Fred Coussay, généalogiste, qui en me passant le relais des chroniques de Centre Presse, est sans conteste, le parrain de cette aventure !
Bref nous voilà en juillet ! Un premier rendez-vous est pris à Quinçay. La rencontre se fait devant la tombe de Cora, au petit cimetière. J'aurais du arriver les mains vides, mais depuis la veille, j'ai déjà à offrir l'image du portrait peint par Bruyères, ainsi qu'un buste de Cora enfant, documents partagés par S. Robinet. Nous vivons une époque formidable... Quelques mots crayonnés sur un blog ludique pour saluer à travers le temps, mon étonnante voisine Cora et me voilà, quatre ans plus tard, au milieu de ses descendants, chaleureux, enthousiastes, étonnés. Je rencontre Dominique Meslin, chineur de vieux bouquins de son illustre aïeule, aux enchères des virtuels bouquinistes, combien de Maison Rustiques nous sommes nous disputées sans le savoir ;-? ... Grâce à lui, je rencontre sa tante Madame Marie-Cécile Anfray, elle possède la photo de Cora âgée assise sur le perron de la Berlonnière à St Benoit.
Sous mes yeux, voici enfin Cora dévoilée d'un bout à l'autre de sa vie...
Rayonnante Cora !
La voici peinte par Hippolyte
Bruyères, son beau-frère, à l’époque des premières récompenses dont elle arbore une médaille. C’est en 1838 que Madame Millet prend la parole devant la Société
d’Agriculture de Poitiers. Une première pour elle et sans doute aussi pour
cette assemblée très masculine ! Elle y raconte avec passion l’éducation
des vers à soie à la Cataudière, commune d’Availles-en-Châtellerault.
Incorrigible
Cora !
Bousculant les conventions, ses premiers mots sont pour les femmes
qu’elle espère voir s’impliquer nombreuses dans ce projet ambitieux !
Emouvante Cora !
Vers 1850, les Millet partent s'installer en Indre et Loire, à Genillé. Au
décès de son époux en 1860, Cora revient vivre dans la Vienne, à la Berlonnière (actuellement nommée Bernonnière) commune
de St-Benoît. C’est à son neveu Edouard Robinet, passionné d’un art
photographique naissant, que nous devons le cliché de cette touchante vieille
dame que connut Albert Hennequin poète
poitevin, qui lui rendit hommage :
« Jusqu’à nonante
ans environ, malgré l’âge,
Aux malades vous
apportiez les premiers soins
Avec des élixirs
préparés de vos mains
Et vous prêchiez l’hygiène
aux mères du village. »
Fascinante Cora !
Cora mourut à la Berlonnière en 1890 et repose au cimetière
de Quinçay, autour des siens. Quinçay, où sa sœur Marie épouse du peintre
Bruyères acquit la propriété de Château-Gaillard en 1849.Au-delà de l’aventure de la soie, les documents retrouvés montrent
l’importance des époux Millet et de Stéphane Robinet dans la modernisation de
l’agriculture de notre département au XIXème siècle. Dans cette région où ils avaient choisi de vivre, infatigables, nos
parisiens œuvrent pour une agriculture
moderne, bousculant les pratiques, innovant, convaincus des bienfaits d’une
pédagogie qu’ils adressent à tous, y
compris aux enfants des écoles, et, grâce à Cora, aux femmes.
« La routine vaincue par le progrès », (titre d’un
de ses ouvrages pédagogiques), voilà une devise stimulante pour cet indissociable trio. Souhaitons que
leurs portraits réunis aujourd’hui, aident
la Vienne à les garder en mémoire.
Véridique Cora !
Autant que l'image ici dévoilée, tous ces contacts, ces recherches acharnées, nous permettent aujourd'hui de mieux connaître Cora, de corriger quelques erreurs biographiques, de résoudre quelques épines généalogiques, et de mieux comprendre son oeuvre. Ainsi en est-il des liens familiaux qui unissent Cora et François, la preuve par l'archive enfin apportée. François Millet achète La Cataudière en 1822. Ce n'est pas Joseph Millet maire de Prinçay qui en est propriétaire et ce Millet là n'est pas le père de François ! Dans la Vienne nos Millet auront deux magnaneries. La première à la Cataudière, la seconde à Poitiers. Cora dirigera alternativement l'une et l'autre et formera des femmes à cette entreprise qu'elle considère parfaitement adaptée aux ambitions de professionnalisation féminines qu'elle soutient. Je reviendrai en détail sur ces découvertes.
Cora, François et Stéphane écrivent avec passion, mêlant leurs projets scientifiques, leurs espoirs politiques, leur vie quotidienne ! Du Bulletin de la Société d'Agriculture et de Belles lettres de Poitiers à la Maison Rustique des Enfants, en passant par les éditions du Magasin Pittoresque, chaque étape de ce jeu de pistes, raconte, bien au-delà de l'anecdotique, la pensée et l'intelligence de cette femme d'avant-garde, sa détermination, sa confiance en l'avenir, sa force dans les épreuves et le soutien sans faille qu'elle reçoit de son époux et de son frère pour la reconnaissance de ses talents.
Incontournable Cora !
L'ampleur du travail entrepris, la diversité de l'oeuvre laissée par cette femme du XIXème siècle, méritent que les recherches documentaires aboutissent à un travail biographique digne de notre belle éclectique. Les recherches se poursuivent, les mises à jour, les corrections, le classement, la synthèse des documents. J'en tiendrai ici une chronique aussi régulière que possible.
Lumineuse Cora !
Merci aux familles Meslin et Robinet pour leur accueil, leur enthousiasme
autour de ces recherches biographiques, généalogiques et documentaires et pour
le partage des archives. Poursuivre ce travail, sous le regard attentif
et bienveillant de l’arrière-arrière-petite-fille de Cora Millet-Robinet , Mme
Marie-Cécile Anfray, est un bonheur et un privilège.
Ensorcelante Cora !
L’automne est là, s’il vous vient, comme à moi, une envie de
planter des muriers blancs, tout en feuilletant La Maison Rustique des Dames,
ne vous étonnez pas… Cora est ensorcelante !